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Contexte

L’EPTB Charente a réalisé en 2018-2019 une étude sur le tronçon du fleuve Charente compris entre Saintes et Saint-Savinien, consacrée aux influences de voies de franchissement du lit majeur sur les niveaux d’inondation :

  • Rocade sud/voie ferrée (remblais de Lucérat) et avenue de Saintonge (RD24) à Saintes
  • Chaussée St James entre Port-d’Envaux et Taillebourg
  • RD18 entre Le Mung et St Savinien.

L’étude, confiée au cabinet Artélia, s’est attaché à identifier les perspectives d’amélioration des conditions d’écoulement en période de crue en testant des hypothèses d’augmentation de la « transparence hydraulique » de ces infrastructures en remblais. L’étude a porté également sur l’opportunité de mise en œuvre de protections localisées dans la traversée urbaine de Saintes.

Elaboration d’un modèle hydraulique et tests unitaires d’aménagement

Le bureau d’étude a élaboré un modèle hydrodynamique de simulation des crues de Chaniers à Cabariot. Celui-ci a été calé sur les crues historiques de décembre 1982 et janvier 1994, puis validé sur la crue de novembre 2000. Il permet de représenter différentes gammes de crue, depuis les crues fréquentes jusqu’aux crues exceptionnelles.

Des tests hydrauliques unitaires ont ensuite été menés :

  • tests théoriques « maximisants » d’effacement des voies en remblai pour déterminer la fourchette haute des gains potentiels par infrastructure et en cumulatif ;
  • tests unitaires « réalistes » d’aménagement d’ouvrages de décharge dans chacune des voies en remblai étudiée (largeur d’ouvrage variant de 50 à 150 m).

Ces tests ont été effectués sur deux gammes de crues : une crue très fréquente de période de retour 5 ans (type nov. 2000), crue générant les premiers dommages, et une crue de période de retour 100 ans (type déc. 1982), plus forte crue historique connue.

Voici une retranscription très synthétique des résultats de ces tests :

  • Les aménagements testés sur la RD18 n’ont aucun impact ressenti sur la zone de Saintes et n’ont qu’un impact très minime entre Taillebourg et Saint Savinien.
  • Les aménagements sur les remblais du Lucérat (rocade sud et voie ferrée) n’ont pas d’impact sur Saintes et les gains sur les tâches urbaines amont des Gonds et de Chaniers ne justifient pas l’ampleur d’un projet d’ouvrage de décharge dans ces remblais.
  • Le gain maximal sur Saintes en cas d’effacement de tous les ouvrages serait de l’ordre de 4 à 6 cm.

Les scénarios d’ouvrages de décharge sont donc concentrés par la suite sur la Chaussée St James et la RD24.

Scénarios d’aménagement

Quatre scénarios d’aménagement ont été testés, s’appuyant sur les enseignements de ces tests unitaires pour les ouvrages de décharge et explorant en complément des hypothèses de protection localisée sur Saintes. Concernant les scénarios de protection, le choix de l’objectif de protection a été fait en raison de la fréquence des surverses sur ces secteurs tout en limitant les impacts paysagers et les coûts (hauteur d’ouvrage). Ils sont donc établis pour une crue de période de retour 5 ans et en faveur des secteurs de premier débordement dans le centre de Saintes.

  • Scénario 1 : 3 ouvrages de 50 m dans la Chaussée Saint-James
  • Scénario 2 : scénario 1 + 1 ouvrage de 50 m dans l’avenue de Saintonge
  • Scénario 3 : protections localisées en rive gauche de Saintes (contre une crue 5 ans)
  • Scénario 4 : scénario 3 + protections localisées en rive droite de Saintes (contre une crue 5 ans)

Chacun des quatre scénarios a fait l’objet d’une analyse des gains hydrauliques, des enjeux épargnés par les inondations et d’une évaluation économique des projets.

Scénario Occurrences de crue Gains hydrauliques sur Saintes Enjeux sortis de la zone inondable Coût minimal étude et travaux

Scénario 1

(OH chaussée St James)

Q5 – 1 cm 51 habitants, 1 emploi 0,72 M €
Q100 – 1,5 cm 13 habitants

Scénario 2

(OH chaussée St James et avenue Saintonge)

Q5 – 1,5 cm 64 habitants, 15 emplois Entre 1,8 et 3,3 M €
Q100 – 2 cm 18 habitants

Scénario 3

(protections rive gauche de Saintes)

Q5 / 32 habitants, 25 emplois Entre 0,2 et 0,6 M €
Q100 / /

Scénario 4

(protections rive gauche et rive droite de Saintes)

Q5 / 316 habitants,  320 emplois Entre 1,5 et 2,5 M €
Q100 / /

Synthèse des résultats

  • L’intérêt de travailler sur les infrastructures en remblais de la Chaussée Saint-James et la RD24, se révèle au final très faible. En effet, ces infrastructures combinent un impact faible sur les zones de fort enjeux (zones urbaines de Saintes) et une complexité ainsi qu’un coût de mise en œuvre très élevés pour en améliorer la transparence.
  • Les protections rapprochées à Saintes, dimensionnées pour des crues fréquentes, présentent des coûts très importants au regard de la faiblesse des dommages évités, de la prise en compte des paramètres architecturaux, paysagers et environnementaux et sachant que les enjeux restent exposés aux inondations au-delà de la crue de période de retour 5 ans. Envisager un objectif de protection plus important n’apparait pas envisageable au regard des diverses contraintes patrimoniales et environnementales et du coût induit des ouvrages.

Le Comité de Pilotage de l’étude, réuni le 10 octobre 2019, a souligné tout l’intérêt de cette étude qui lui a permis de disposer des éléments techniques et financiers nécessaires à la prise de décision et a fait part de son souhait de ne pas poursuivre sur ces scénarios mais de concentrer les efforts sur la réduction de la vulnérabilité du bâti et le ralentissement dynamique des crues.