La préservation des sources de la Touvre

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En 2018, Grand Angoulême a sollicité l’Agence de l’Eau Adour-Garonne pour restructurer l’usine du Pontil qui prélève dans l’une des sources de Touvre (source du Bouillant). L’Agence de l’eau Adour-Garonne a conditionné le versement d’une aide complémentaire à la réalisation d’une étude de délimitation des zones de protection du captage puis la définition d’un plan d’actions afin de préserver cette ressource stratégique. Cette décision fait également suite au classement de ce captage dans la liste des captages sensibles de priorité 4 en mars 2022.

Depuis 2022, l’EPTB Charente et GrandAngoulême ont engagé une démarche de préservation de la qualité de l’eau sur le bassin d’alimentation du captage de la Touvre. Une convention de partenariat a été définie depuis 2023 entre les deux structures pour dans un premier temps mener une étude de diagnostic afin de co-construire en concertation des actions de préservation de la qualité de l’eau sur le territoire.

Le captage

Le captage de la Touvre est une ressource stratégique pour l’alimentation en eau potable de Grand Angoulême car il assure en moyenne 87 % de l’approvisionnement en eau potable du territoire.
L’Agglomération prélève l’eau des sources de la Touvre par l’intermédiaire de la station de pompage et de traitement du « Pontil », située sur la commune de Touvre. La compétence eau potable est organisée par GrandAngoulême sur l’ensemble du territoire, sauf Voulgézac qui reste membre du syndicat sud. L’agglomération assure la production d’eau potable pour 71 011 habitants (RPQS 2022).

L’Aire d’Alimentation de Captage

L’aire d’alimentation de captage est caractérisée par la présence d’un Karst. Ce système karstique des sources de la Touvre est un aquifère relativement complexe et dont l’alimentation provient en grande partie des pertes des ruisseaux de la Tardoire et du Bandiat. Le reste de l’alimentation provient de l’infiltration efficace sur l’impluvium karstique (ou karst de La Rochefoucauld), représenté par les calcaires jurassiques à l’affleurement et affectés d’une intense karstification. Les 3 bassins versants en eaux superficielles (Bonnieure, Tardoire et Bandiat), correspondent aux impluviums non-karstiques et participent à l’alimentation des eaux du captage de la Touvre au Bouillant

La qualité de l’eau

Les suivis au captage et sur les stations présentes sur les affluents des sources de la Touvre montre une qualité de l’eau préservée au regard des exigences « eau potable ». En effet, avant traitement l’eau au captage contient en moyenne 30mg/L de nitrates et quelques pesticides en dessous de la norme fixée à 0,1 ug/L.

Concernant les nitrates, l’étude des données montre une qualité des eaux très préservée sur l’amont de l’AAC avec des teneurs inférieures à 10mg/L. On observe une dégradation de la ressource au niveau du Karst avec des teneurs dépassant les 30mg/L et une concentration moyenne de 15mg/L à la résurgence.
On peut observer une dilution de la ressource en eau par l’infiltration du Bandiat et de la Tardoire au moment de leur entrée dans la zone Karstique. La qualité préservée de la ressource au niveau du captage semble être le résultat d’un équilibre entre les eaux préservées de l’amont et celles plus dégradées s’infiltrant directement depuis la zone karstique.
Concernant les pesticides, les molécules retrouvées sont principalement issues d’herbicides.

Vers une stratégie locale de préservation de la ressource

On constate une qualité de l’eau globalement satisfaisante au captage de la Touvre. Cependant de fortes hétérogénéités subsistent selon les zones géographiques sur le bassin d’alimentation de ce captage. Pour exemple, on observe une concentration en nitrates 15 mg/L au point de captage, autour de 30 mg/L dans la zone karstique, et environ 8 mg/L dans la zone amont. Il apparaît donc que les eaux issues de la zone amont jouent un rôle de dilution une fois infiltrées dans le karst, avant leur résurgence au niveau des sources de la Touvre.

Ces disparités s’expliquent en partie par les différences d’occupation du sol et de pratiques agricoles entre les zones karstique et amont. Ainsi, la zone amont est majoritairement composée de prairies avec une activité d’élevage extensif occupant 70 % de la SAU. On y trouve également un paysage bocager avec une forte présence de haies, dont le système racinaire contribue à la filtration des eaux, limitant ainsi l’impact des pollutions diffuses et favorisant la préservation de la qualité de l’eau. À l’inverse, la zone karstique se distingue par une proportion plus importante de cultures céréalières, ce qui accentue la pression exercée sur la ressource, notamment en matière de contamination par les pesticides et les nitrates. Cette différence d’usage du sol renforce la sensibilité de cette zone aux pollutions diffuses. Cette sensibilité est renforcée par la présence de gouffres qui constituent des zones d’infiltrations directes dans la nappe karstique et accroissent le risque de contamination rapide du milieu souterrain.
Bien que la qualité globale de l’eau sur l’AAC soit satisfaisante, elle repose sur un équilibre fragile qu’il convient de surveiller étroitement afin d’anticiper et de comprendre toute éventuelle dégradation.

Au regard de l’enjeu stratégique de la ressource vis-à-vis de la production d’eau potable pour l’agglomération de GrandAngoulême et du rôle important de dilution de la Touvre pour le fleuve Charente (qualité et quantité), la stratégie locale a pour objectif de préserver la ressource en maintenant la bonne qualité de l’eau sur les paramètres nitrates et pesticides.

Le document reprenant l’ensemble des actions prévisionnelles est disponible ici 

Parmi les premières actions lancées en 2025 : le déploiement du PSE (Paiements pour Services Environnementaux) zones humides et prairies humides