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Les dynamiques spatio-temporelles précises de l’estuaire étant complexes, celles-ci sont en cours d’analyse et demanderont la mise en relation des différentes sondes de l’estuaire. Le paramètre oxygène a lui été davantage étudié.

Sur ce graphique les variations inter-annuelles et inter-saisonnières d’oxygène dissous sont marquées en particulier durant la période estivale. Ces amplitudes rapides sont liées aux entrées du bouchon vaseux qui entraîne une baisse des valeurs de qualité vers des seuils « moyens » à « médiocres », avec une potentielle influence sur la faune estuarienne.

Certains migrateurs peuvent être touchés par ces faibles taux d’oxygène. C’est le cas des alosons (juvéniles d’alose) en dévalaison à partir du mois de juillet et jusqu’à l’automne. A titre d’exemple, durant le mois de septembre 2020, les valeurs d’oxygène sont descendues au-dessous du seuil critique de 2 à 3mg/l. Ce seuil induit une survie des juvéniles très incertaine et une migration impossible pour de nombreux migrateurs amphihalins.

Les variations du taux d’oxygène présenté ci-dessus sont corrélés avec les variations de températures de l’eau. Le graphique ci-dessous permet d’observer que l’année 2020 a été beaucoup plus contraignante pour la faune estuarienne que l’année 2021.

Les débits influencent très nettement les paramètres mesurés. La période d’étiage prolongée coïncide en effet avec la densité de matière en suspension donc avec la remontée du bouchon vaseux à Tonnay-Charente. Sur ce graphique de 2020, les augmentations brèves de débits dues aux pluviométries se font aisément ressentir au mois d’octobre. Elles entraînent un recul du bouchon vaseux tandis qu’en période de débit élevé à partir de décembre, les matières en suspension correspondent à des apports sédimentaires du bassin et non à des remontées du panache de sédiments estuarien.

L’estuaire Charente fait état d’une dynamique complexe que seules plusieurs années de suivis des paramètres physico-chimique vont nous permettre de comprendre. Des similitudes dans les variations interannuelles et inter-saisonnières attestent d’un comportement relativement proche des autres estuaires macro-tidaux comme celui de la Garonne ou de la Dordogne. Cependant des impacts marqués sur les niveaux d’oxygènes alertent sur les mauvaises conditions d’habitabilité auxquelles peuvent être confrontées les espèces durant les périodes d’étiages prolongées. Le suivi de l’estuaire est donc un éléments crucial en tant qu’aide à la décision pour l’ajustement de la gestion du fleuve. Ceci afin de garantir le bon état de l’estuaire Charente et de la vie biologique qui y est présente. L’acquisition de connaissance sera donc poursuivie sur plusieurs années et observée sous l’angle de l’impact des changements climatiques.