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Le bassin versant de la Charente a connu depuis les années 50 une forte modification de l’usage des sols, sous l’effet combiné de la modernisation de l’agriculture et du développement de l’urbanisation. La profonde transformation des paysages lors des remembrements notamment, a induit des perturbations notables sur le grand cycle de l’eau : sévérité des étiages, genèse des crues, ainsi que sur la vulnérabilité de la ressource en eau aux pollutions diffuses et sur l’état écologique des masses d’eau. On a pu comptabiliser, sur la base des recensements généraux agricoles, 67 000 ha de surfaces modifiées entre 1979 et 2000. Dans ce total, 38 000 ha correspondent à une disparition de « surfaces toujours en herbe » (prairies permanentes), la destruction de 13 000 ha de forêts et l’apparition de 12 000 ha de surfaces imperméabilisées (urbanisation). (Etude de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, 2009, Evaluation économique des zones humides)

L’aménagement des versants et des têtes de bassins est une des solutions face à ces perturbations.

Ces solutions ont l’avantage d’être mobilisables sur des territoires variés et à l’échelle locale : on parle de solutions d’aménagements « doux ».

Le PGE Charente recommande dès 2004 que dans une première phase, des opérations expérimentales suivies sur le long terme, portées sur de petits bassins versants, puissent permettre de statuer sur les gains attendus d’une nouvelle politique de gestion de l’espace. Le bassin du Né, ou celui de l’Aume-Couture, étaient ciblés.

En 2012, l’EPTB Charente a encadré un stage de fin d’étude portant sur la caractérisation des réseaux de fossés et drainages « Etude expérimentale sur l’artificialisation des bassins ruraux et l’impact potentiel sur la ressource en eau ». La zone d’étude s’est focalisée sur l’Aume-Couture, le Bief et le Brangerie.

La concertation menée dans le cadre du PGE et des SAGE Boutonne et Charente depuis 2 ans a conduit à la définition des besoins sur le territoire:

  • Concentrer des efforts d’animation et financiers sur le thème de l’aménagement du paysage agricole pour une meilleure rétention de l’eau à la source : zones humides, drainage contrôlé, enherbement, haies…
  • Rétablir et améliorer des fonctions écosystémiques dans le paysage agricole, dont les bénéfices seront multiples et répartis de façon diffuse sur tout le bassin versant.
  • Montrer que les contraintes à petite échelle (perte de surface à valeur économique) auront des bénéfices à grande échelle (réduction des dommages liés aux inondations, assecs et pollutions diffuses).
  • Sur un territoire pilote : mettre en place une pédagogie / démarche projet et faire avancer la réflexion, créer une dynamique locale avec les acteurs et aménager ces bassins versants afin de ralentir les écoulements, diminuer les risques de transferts de polluants, augmenter les supports de biodiversité…
  • Conjuguer avec les politiques ENS des Conseils Départementaux et le programme régional Ressources sur les captages Grenelle, afin de créer des synergies et des économies d’échelle intéressantes.
  • Intégrer l’enjeu de la maitrise du foncier.

L’avenant au PGE Charente 2015-2018 a repris ces éléments.

L’objectif final est de mieux valoriser les potentialités des « infrastructures naturelles » dans le cycle de l’eau (zones humides, lit des cours d’eau, gestion des sols, réseaux de drains et fossés, réseaux de haies, …). Les actions doivent associer étroitement les syndicats de rivière et les propriétaires fonciers.

Le rôle de l’EPTB Charente est de :

  • Conduire un programme d’aménagements sur les versants et les têtes de bassins pour limiter le ruissellement, favoriser l’infiltration et réduire les pollutions diffuses.
  • Accompagner et coordonner les maîtres d’ouvrages locaux dans la mise en œuvre des aménagements.
  • Définir une méthodologie pour la conduite de projets d’aménagements doux sur les versants et les têtes de bassins par des maîtres d’ouvrages publics (communes, intercommunalités ou syndicats de bassins).
  • Conduire des opérations expérimentales, suivies sur le long terme, portées sur de petits bassins versants, permettant de statuer sur les gains attendus de ces aménagements.
  • Capitaliser l’expérience acquise sur les opérations expérimentales et la diffuser à l’échelle du bassin versant de la Charente.

En 2016, L’EPTB Charente à organisé une mission d’étude sur les aménagements de versants en Normandie.

Le projet de l’EPTB s’échelonne de 2015 à 2017 et aboutit à deux livrables :

1- La rédaction d’un guide méthodologique pour accompagner la mise en place d’aménagements sur les versants et les têtes de bassins, par des maitres d’ouvrage publics

L’amorce du travail de compilation bibliographique et de mobilisation des acteurs du territoire autour de ce guide a été initiée à travers un stage de fin d’études encadré par l’EPTB Charente de mars à aout 2015.

Les objectifs du stage étaient de :

  • Proposer des méthodes d’inventaires et de diagnostics pouvant être menés par les collectivités pour une meilleure connaissance de leur territoire et en particulier des infrastructures paysagères ayant un rôle pour la limitation des phénomènes de ruissellement.
  • Proposer une méthodologie de projet pour la mise en place d’aménagements « doux » sur les versants et les têtes de bassins.

L’étudiante a produit un guide qui présente à la fois :

  • Une méthodologie de diagnostic du territoire reposant sur une combinaison d’inventaires.
  • Une méthodologie de conduite de projet.
  • Des fiches présentant succinctement les différents aménagements qui favorisent l’infiltration de l’eau ou le ralentissement des écoulements.
  • Des retours d’expérience de projets similaires sur le bassin versant de la Charente.

Le guide n’aborde pas uniquement la création de nouveaux aménagements mais traite aussi de l’amélioration des fonctionnalités des infrastructures paysagères existantes vis-à-vis du ruissellement. La préservation des infrastructures existantes, notamment via des outils réglementaires, est aussi mentionnée pour mémoire.

Il a été construit au travers de rencontres avec les experts locaux et de deux réunions multi-acteurs. A ce stade, il ne s’agit que d’un document de travail qui demande à être relu avec les acteurs concernés et dont la faisabilité sur le terrain doit être éprouvée.

2- La réalisation et le suivi d’aménagements doux sur un nombre restreint de sites, à titre expérimental, afin de :

  • Statuer sur les gains attendus d’une nouvelle politique de gestion de l’espace.
  • Capitaliser les résultats obtenus sur les sites pilotes pour une mise en œuvre sur le bassin de la Charente.

La réalisation de tels aménagements sur le bassin versant de la Charente est actuellement peu dynamique et l’Agence de l’Eau Adour-Garonne est particulièrement favorable à la réalisation de cette action. L’objectif est de démontrer la faisabilité de ces projets ainsi que les effets positifs des aménagements doux sur les versants pour l’infiltration, la limitation du ruissèlement et des pollutions diffuses.